Je brûle donc j'écris

Mettre le feu aux mots

Je tombe.

Non.

Je vacille.

C’est là que tout commence.
Juste avant la bascule.
Quand l’air change de poids, que la gravité hésite.
Quand tout retient son souffle... sauf ce qui gronde en soi

Se lancer.

C’est quoi?
Un ordre de l’ego ? Un pacte avec le vide ?
Se lancer, c’est perdre pied sans savoir si on va flotter ou couler.
Ou même voler.
C’est vouloir voir et saisir ce qui palpite derrière la peur.

Je me lance dans la traque.
Du sens. De la mémoire.
De ce qui tremble sous la peau et cogne dans la cage thoracique.

Mais la mémoire est un animal sauvage.
Elle feule.
Elle montre les dents.
Elle surgit quand on l'oublie.
Elle déterre des éclats de verre et les fait briller, sombres diamants.

Je pourrais errer parmi ces ruines.
Les hanter.
M’y perdre.

Mais non.

Je préfère marcher sur les braises. Préserver le feu plutôt que d'idéaliser les cendres.
Ouvrir la brèche et regarder droit dedans : c'est l'horizon.

Vous sentez cette bourrasque ?
Ce vent qui mord la peau et nous pousse en avant ?
C’est le mistral ? Une tempête ?
Ou bien ce qui cherche à surgir, dans la fulgurance des mots.

"Deviens qui tu es et tu mettras le feu au monde."

Catherine de Sienne l’écrivait au XIVe siècle.
Elle savait, déjà.

Qu'on avance. Qu'on brûle.

Qu'il faut à la fois lâcher et retenir.

En d'autres mots, écrire.

"Je brûle donc j’écris”, et toi ? Si ces mots résonnent en toi, abonne-toi pour nourrir ce feu intérieur."