Ça m’arrive aussi d’aimer sans réfléchir
d’écrire sans abolir
et de me glisser dans la danse des histoires inavouées
Ça me fait sourire
les larmes du passé
et l’Atlas du vide
que j’ai écrit pour consoler les bébés à venir
Le voici
Je n’y vais même pas en rêve
c’est un lieu que le réel peine à contenir
un mont analogue et virtuel impossible à gravir
j’y vois les gens que j’aime danser et dépérir
même les yeux fermés j’ai du mal à le soutenir
mon corps s’y dissout en fumée sans passer par les cendres
rien que d’y penser je frémis — alors c’est ça vivre et mourir?
Sa capitale, c’est la fin lente et jouissive
une joie tétanisante que rien ne saurait trahir
J’y ai passé mes trêves et mes transes
de l’agonie à la prime enfance
et toujours pas de carte pour m’y rendre
les kilomètres y sont comptés
en quelques secondes on touche les tréfonds
mais pour remonter il faut une éternité
Les cieux y sont fragiles
des ecchymoses rose dans l’azur intraveineux
au moindre faux pas l’horizon vous flagelle
le doux métier de vivre sous un soleil de fer
Là-bas les bébés meurent comme des vieux
on les a à peine caressés qu’une vie entière est déjà passée
Là-bas les histoires s’aiment de falaises et de chutes
on se regarde parfois dans les yeux
et on voit défiler le diable et ses aîeux
puis Dieu
Dieu en personne
c’est fabuleux quand on ne tremble pas
L’effroi a la grâce d’un ange
et si l’on prie
l’amour revient encore une fois
Quand la nuit tombe
les corps détonnent
et tout recommence
L’endroit que je décris mes amis
vous l’avez compris
vous l’avez senti
vous ne l’avez jamais quitté
C’est une balade infernale et infinie
un merveilleux conte de vie
Quelle merveilleuse danse poétique. voilà un merveilleux voyage intérieur, explorant l'amour, l'écriture et les émotions profondes avec une sensibilité rare, qui vous correspond si bien. Quel exercice de style littéraire brillant et profondément touchant.
J'adore aimer sans réfléchir. C'est si fort si beau. Merci Clarisse pour ces mots intenses et doux.
La vie et ses vides, danser et dépérir, parce que l'éternité n'est pas de trop.