Ce matin j'ai la paupière droite qui sursaute. Et ce n'est pas un manque de magnésium. La paupière est un muscle à fleur de peau.
Je me demande souvent si le monde n'est pas divisé entre ceux qui laissent les portes des placards ouvertes (mon copain) et celles qui verrouillent tout à double-tour (moi).
J'ai rêvé cette nuit que je marchais sur une passerelle au-dessus d'une rivière exotique (Amérique centrale, je dirais). En dessous, des crocodiles qui n'attendaient que mon faux pas. La passerelle était plus que précaire. Je m'accrochais aux ficelles et je glissais, c'était humide. Je n'ai jamais eu aussi peur de mes rêves. Quand je me suis réveillée, mon inconscient voulait y retourner, ce bâtard, dans ce rêve atroce. Il voulait voir ce que ça fait de se faire mordre à mort par un alligator.
C'est bizarre l'inconscient. Encore plus bizarre que la vie et la mort.
En ce moment je me lève le matin d'une certaine humeur, disons le Printemps de Vivaldi, et je me couche en hiver, après avoir épuisé l'automne et l'été. En fait je vis comme ça depuis que je suis née. Mais les saisons varient.
Je ne suis pas bipolaire, je suis baroque.
J'aimerais bien quelque chose mais je ne sais pas quoi. Mais j'aimerais beaucoup, vraiment.
Énormément.
Ces jours-ci j'écris tellement (je finis mon cinquièeme roman), que je ne pense presque pas à faire à manger, les courses, l'amour, le ménage. Mais l'amour… quand même !
Je vais sortir me promener dans quelques minutes. Prendre l’air, ne pas le lâcher. Il fait beau à Brooklyn ce matin. Il y a les sirènes, en permanence, celles qui sont censées sauver des vies et trouer les tympans. Et ensuite y aura les écureuils et les joggeurs.
Les gens qui courent... Quoi ? Je n'ai rien à dire sur eux. Je pense qu'ils sont comme tout le monde.
Pressés d'en finir.
"Je ne suis pas bipolaire, je suis baroque" : j'adore !!!